Je n’avais jamais lu la bible. Je savais que le franchissement du gué de Yabboq par Jacob, qu’on nomme dans la littérature et très abusivement d’ailleurs, le combat avec l’ange, était un des plus anciens textes de ce récolement de psaumes et de légendes. Il s’agit d’un exode et qui précède la genèse, voilà qui m’intéressait. Jacob y perd son nom, y gagne boiterie.
L’autorité du désir déroulait une mémoire branlante et soumise jusqu’à disparaître ce qui est peut-être la liberté pour la mémoire. Tout en me noyant dans la peinture, j’ai donc synopsé tous les cailloux que j’ai trouvé, chutes de temples et cairns pour errants, ceux qui achoppent ou qu’on n’a pas lancés sur la femme adultère, ceux pour la soif qu’on dit paroles etc etc. Tout ça dans le gué. Pour passer. J’y étais. Les yeux brûlés d’essence comme un Moïse qui passait Aaron, je quittais le bâton à signes et l’amitié des dieux pour les cailloux dans la bouche et la rétrogradation à homme de tous les jours. Fallait cracher, oui, mais comment dire ?